2021

Doctorat en Langues, lettres et traductologie

Adélaïde Lambert

Master en Langues et littératures françaises et romanes, à finalité approfondie (2014), Master en Langues et littératures françaises et romanes, à finalité didactique (2015), Doctorat en Langues, lettres et traductologie (2021)

 

Quel est votre emploi actuel ?

Maitre Assistante de Langue française à la Haute École Charlemagne

Quel a été votre parcours depuis la diplomation ?

Après un doctorat en Langues, lettres et traductologie, j’ai eu besoin de retrouver deux aspects de la langue et de la littérature qui m’avaient initialement attirée vers elles : l’enseignement et la créativité. Le métier de Maitre Assistante de langue française que j’exerce à la Haute École répond à la nécessité de m’impliquer concrètement dans la société, en aidant mes élèves à se projeter en tant qu’enseignant·e·s.

En quoi la formation que vous avez reçue dans notre Faculté a-t-elle été déterminante pour votre parcours ?

Durant mon cursus à l’Université de Liège, les personnes que j’ai côtoyées et les enseignant·e·s qui m’ont formée m’ont poussée au-delà de mes limites. Alors que j’étais une élève plutôt dissipée en secondaire, je me suis appropriée ensuite des qualités qui m’étaient étrangères ou qui me semblaient inaccessibles auparavant comme le goût pour la lecture et l’écriture, la rigueur, la minutie, la persévérance et une curiosité insatiable et omnivore.

Durant le doctorat, je me suis focalisée sur un texte copié au début du XVIe siècle et conservé dans un manuscrit unique et inédit. Il s’agissait d’interpréter deux-cent-trente pages de gribouillis à première vue indéchiffrables en moyen français, et cela pendant environ cinq ans. Alors que l’enseignement supérieur et la recherche ont parfois tendance à définir la « science utile » aux départ de critères empruntés au monde économique et professionnel, je suis heureuse d’avoir mené à terme ce projet philologique et patrimonial, qui s’est finalement révélé comme une passionnante percée dans la littérature chevaleresque du début de la Renaissance.

Par ailleurs, ce travail fut extrêmement formateur pour moi. En essayant de comprendre un auteur disparu il y a plus de cinq siècles, dont la langue, les codes et les aspirations n’ont rien d’évidents par rapport aux nôtres, on forge plus globalement sa capacité à comprendre l’autre et ses choix. De ce point de vue, ma thèse fut un bel exercice de curiosité et d’empathie. Elle m’a également amenée à construire une posture critique, en développant le réflexe de formuler des questions à propos du contexte historique et social où un mot a été inventé, à propos des stéréotypes qu’il polarise et des émotions qu’il génère rien qu’en étant prononcé ou écrit. De tels questionnements aiguisent l’attention que l’on doit porter à la justesse des mots et ils développent le réflexe d’interroger sans cesse sa bonne compréhension du monde et de remettre en question son interprétation.

La formation que vous avez reçue vous aide-t-elle, aujourd’hui, à jouer un rôle sociétal (engagement dans une association, regard critique sur le monde, etc.) ?

De la maternelle au doctorat, j’ai toujours vu l’école comme un lieu d’affirmation, d’émancipation et d’éveil citoyen. Elle doit (devrait ?) rester un lieu où les élèves dépassent leurs limites (par ailleurs, souvent forgées par d’autres). C’est pourquoi j’ai le sentiment que c’est dans les écoles que je peux être la plus utile et, comme la plupart de mes collègues, je suis convaincue qu’enseigner est le plus beau métier du monde. Malheureusement, on assite à une crise des vocations et à des régressions sur le plan institutionnel. J’espère que les prochaines années verront une revalorisation de la profession et c’est en m’investissant dans la formation des enseignant·e·s que je souhaiterais y contribuer. Parallèlement à mon engagement à la Haute École Charlemagne, je suis volontaire en école de devoirs, où j’ai la chance de soutenir des élèves plus jeunes dans leur scolarité et leur éveil culturel et citoyen.

Compte tenu de ma formation linguistique et littéraire, j’ai à cœur d’amener les élèves – quel que soit leur âge – à comprendre la manière dont les mots touchent à la fois l’intelligence, l’imagination et la sensibilité. Par le biais de l’expression orale et écrite et de la littérature, on se découvre (ou non) aux autres et à soi-même. À cet égard, l’enseignement de la langue française comporte de nombreux enjeux démocratiques.

Dans mes cours, je veille également à sensibiliser les élèves aux problématiques liées aux inégalités sociales et à l’éducation à la nature et à l'environnement. Dans ces domaines encore, la langue et la littérature peuvent être des outils de résistance.

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